dimanche 4 octobre 2009

L3 : Puine

SEMENCE
Puine
Elle fait partie de ces mômes qui traversent leur enfance sans retenir l'attention d'un seul de leurs éducateurs.
Saveurs de sa peau de puine :

Je... alors: //; +! , (MOI)?

Quand blanche... oui
avec neutre a priori
blanche
sinon
= aujourd'hui
Construire-détruire, taire-gueuler, créer-pilonner, amasser-disperser, engranger-libérer... Circulez...

Y a-t-il quelque chose à comprendre ?
......

L2 : Copie

SEMENCE
Copie
Il retrouve la famille autour d'une daube de bœuf aux cèpes longuement mijotée dans un chaudron de fonte au cœur de la cheminée.
D'après sa grand-mère maternelle, il serait devenu, à vingt ans, la copie conforme de son homme : attitudes semblables face à la vie, mêmes moustaches un peu broussailles dont le sens guide le premier regard aussi bien vers ses yeux gris-bleus de ciel et d'orage que vers sa lèvre inférieure gourmande trahissant le bon vivant, mêmes oreilles décollées prolongeant à la perfection le mouvement donné par son abondante pilosité.
Son grand-père maternel avait été ce que les historiens sans histoires nomment un Poilu, race à moustaches en voie de disparition depuis que la Garce Guerre de Quatorze en avait placé ses sincères représentants en première ligne, pour les mieux décimer, par millions, parce qu'un véritable poilu demande à l'évidence trop d'entretien et que les temps de crise ne sont pas ceux de la facilité. Grand-papa n'était pas, comme beaucoup d'anonymes, officiellement décédé, mais nulle ne l'a revu sur l'île.

Il n'a rien compris... Il n'y a rien à comprendre!
Seulement que la morphopsychologie ne sera pas toujours au goût du jour.

vendredi 2 octobre 2009

L1 : Le trou

SEMENCE
Le trou
Élégant jusqu'au nœud de cravate, il ne supporte pas le moindre trou dans ses chaussettes.
Le déshonneur du trou était pourtant défunt lorsque nos grands-mères avaient posé leurs cinq aiguilles à tricoter, puis cessé de ravauder les chaussettes industrielles. Le trou dans les chaussettes n'a jamais été à la mode, même pour le Père Noël pendant les années de crise. Autrefois, la chaussette était un mélange d'art et de travail trop important pour la laisser se détériorer, sans compter tout l'amour vécu pendant les longues heures de tricot pour celui à qui l'ouvrage était destiné.

Aujourd'hui, la chaussette n'est qu'un tube uni-pointure pour bipèdes.

Il n'a rien compris... Il n'y a rien à comprendre!
Seulement que le confort est plus important que la mode et que la chaussette protège des ampoules dans un godillot.

L0 : Trois aires

SEMENCE
Trois aires
Son territoire est la terre. Elle y joue sa vie, des bocages aux forêts. Au creux des kops, nul n'a jamais laissé ses verres vides, pour un sourire ou contre rien. Au sortir des kops, elle laisse ses yeux repérer le quotidien des landes à l'horizon salé. Elle y marche à grande erre, colportant les insignifiances qui allument les regards en effleurant les âmes épuisées et transies. Nulle tempête n'arracha ses semelles de la glaise nourricière.

Son domaine est tradition familiale et digues. Sa maison a bonne réputation. Elle hante la jetée du port pour apercevoir la première les bateaux qui vont s'y ancrer. Elle y rêve en engoulant les parfums de la menthe et la tiédeur des pierres. L'eau est son amie, elle hait les vagues. La digue est belle. Elle est si solide et elle vit si fragile!

Son espace est la ligne fluctuante entre le sable et l'eau. Ici se mêlent le bruissement du vent frôlant les fins roseaux et l'exhalaison iodée fusant du large. Là se succèdent, les violentes maréesd'équinoxe et les mort-d'eau des solstices. Au clair de lune, les puces de mer bondissent. Leur sort ne l'intéresse pas. En suivant la mouvance des laisses, elle cherche une raison valable pour croire qu'un homme ait pu, un jour, n'être que bon ou méchant.

Elles n'ont rien compris... Il n'y a rien à comprendre!
Seulement que le plan le plus précis n'indique jamais le caillou déplacé par le jeu d'un enfant.